mercredi 29 février 2012

Le rôle de la médiation

   Un petit billet pour tenter de définir le rôle de la médiation en prenant appui sur les conceptions de plusieurs auteurs, spécialistes de l’Éducation ou de la communication. 

   La médiation culturelle serait à la fois l’aménagement matériel et humain avec des médiateurs formés à la connaissance d'un handicap spécifique et qui auraient les moyens de transmettre l’information à la fois à une personne sourde et à une personne malentendante. En termes de moyens, il s'agirait de la mise en place des dispositifs particuliers qui ne seraient pas nécessairement centrés sur la compensation du déficit spécifique mais sur la mise en valeur d’une aptitude saine.

    Elle devrait participer à réduire un déficit, valoriser les sens fonctionnels, veiller à ne pas défavoriser une personne en situation de handicap en compensant un autre handicap. Entre un même handicap, on observe aussi différents degrés, un équipement standard pour les sourds n’est pas forcément adapté aux malentendants.

    Elle implique l’idée d’un passage (accompagnement des publics, Elizabeth Caillet), d’un lien (social, Jean Caune) et de transformation (pas de passage sans transformation selon Antoine Hennion).
Le médiateur en se posant en tiers, peut véhiculer la voix de l’institution (rôle social, démocratisation culturelle) et omettre son influence, une vision qui évince d’autres perceptions (création de sens).

    Le tiers se situe aussi dans l’articulation des éléments (contexte par exemple). La médiation passe aussi par l’idée de participation, d’une parole du visiteur sollicitée. Cette démarche ouvre la voie aux pratiques amateurs qui produisent un sens en interprétant les œuvres.
Le tiers, s’il n’est pas spécialiste (voire sourd) de la langue des signes qui n’est pas la langue française, se fait porteur d’une langue qui n’appartient pas à la culture sourde, et qui ne permet pas aux sourds se sentir acteur de l’échange culturel. C'est d'ailleurs ce qu'évoque l'artiste Christine Sun Kim dans l'interview réalisée sur le site "The Selby". 


mardi 28 février 2012

Christine Sun kim, la vision du son



    Sourde de naissance, Christine Sun Kim, lors d'une résidence d'artiste à Berlin en 2008, utilise le son et a depuis développé une pratique expérimentale de Lo-fi qui a pour vocation de se réapproprier le son en le traduisant par le mouvement et la vision ( Source : Todd Selby x Christine Sun Kim).

    Charles Gardou interroge une possible confrontation des entendants et des sourds. Il part du postulat que les yeux des sourds sont leurs oreilles, et s’ils développent une perception unique, ils disposent aussi d’intuitions, d’imagination et voient comme ils pourraient entendre. L’auteur relève l’aspect chorégraphié de la communication des sourds par les signes, langue propre et dominante. Il évoque leur culture du silence et la vie de leur corps au rythme des vibrations. 
Que l’on présente un handicap ou non, ce qui est communément partagé, c’est la subjectivité de la perception du monde qui existe en chacun.

Introduction

     La définition juridique, en élargissant à l’environnement la notion de handicap, officialise une volonté d’adaptation de la société entière pour la rendre accessible aux personnes handicapées, notamment dans le domaine culturel. La prise de conscience de la différence de l’autre répond au principe d’universalité car elle renvoie à des difficultés qui peuvent concerner tous les individus et envisage d’abord la personne avant le handicapé. Dans cette perspective, s’est mis en place un souci de non-discrimination afin de considérer les capacités des personnes handicapées plutôt que leurs inaptitudes avec une perception de la différence comme potentiellement créatrice. En revanche, les systèmes de compensation dans ce cadre, doivent être mesurés afin de veiller à ne pas stigmatiser ou trop assister une personne handicapée. L’avènement de la notion de culture métisse dans le domaine artistique prend donc son appui sur la considération de l’existence des différentes sensibilités présentes dans chaque individu. Comme tous les individus, la personne handicapée est située socialement et culturellement. Comme tous les individus, elle a une perception de la culture et une interprétation du monde et de l’oeuvre propre à elle. L’enjeu soulevé précédemment est de trouver les moyens de l’ouvrir à d’autres communications sans nier sa déficience.

     La médiation n’est pas la même selon les handicaps. L’enjeu réside aussi dans le souci de la réception, savoir à qui on s’adresse. Les individus ne sont pas interchangeables, le public ne se réduit pas à son handicap non plus. Toutes les personnes n’ont pas le même rapport à l’art, à l’esthétique, à la culture. De ce point de vue, les personnes sourdes ne sont pas différentes des autres publics. Les différences culturelles ne sont pas gommées par le handicap. Le médiateur doit donc se demander s’il doit être attentif ou non à ces différences culturelles, selon le degré de faisabilité, parfois la standardisation est nécessaire. Le médiateur doit bâtir des ponts entre les individus socio-culturels les plus éloignés, les liens ne peuvent être tissés qu’à partir de ce qu’ils ont en commun.